L’urbanisme et l’architecture sont deux disciplines interdépendantes. Les architectes apportent à la trame urbaine sa troisième dimension en tenant compte des exigences imposées par les caractéristiques de l’environnement et les politiques d’urbanisme.
Quand l’urbanisme donne naissance à de nouvelles architectures
Au cours de l’histoire, les politiques urbaines ont ouvert la voie à de nouveaux concepts architecturaux. Au XIXe siècle, les épidémies font rage sur les sols européens. La tuberculose, la peste et le choléra affaiblissent les corps et emportent les âmes, sans qu’aucune politique de santé publique ne parvienne à les enrayer. Dans ce contexte, la révolution hygiéniste entend repenser la ville, son fonctionnement et son urbanisme en tenant compte des prescriptions médicales alors en vigueur. Il s’agit d’aérer l’espace urbain, de percer au travers des bâtiments agglomérés afin de laisser entrer la lumière et aussi de proposer des infrastructures et équipements adaptés (égouts, réseaux d’eau) ou encore l’accès à des espaces verts au cœur de la ville. Autant d’éléments qui ont alimenté les travaux haussmanniens et laissé place à une nouvelle architecture, symbole de la capitale française : le style haussmannien.
En parallèle, la mise en évidence de l’action des micro-organismes par Louis Pasteur, dans la seconde moitié du XIXe siècle, constitue une véritable révolution sanitaire. Un changement de paradigme qui va bouleverser l’architecture hospitalière. Pour éviter la contagion, les malades sont répartis dans des pavillons distincts. Ce modèle pavillonnaire de l’hôpital appelle une architecture relevant davantage de la cité-jardin ou de l’urbanisme de quartier.
Mais, la communication n’est pas exclusivement unilatérale et de nombreux projets d’urbanisme ont été portés par des architectes visionnaires. C’est le cas avec Le Corbusier et son projet de « Ville contemporaine » élaboré en 1922. Plus récemment, le jeune architecte belge Vincent Callebaut s’est illustré dans la pratique de l’« archibiotic ». Un concept de design urbain innovant qui entend « réinventer les modes de vie de demain » avec des bâtiments organiques aux formes directement inspirées par la nature.
Urbaniste, architecte : qui fait quoi ?
L’urbaniste raisonne à l’échelle de la ville, du quartier et développe des projets en accord avec les enjeux nationaux et locaux. Au-delà des bâtiments publics et à usage résidentiel, son champ de vision couvre les axes de transport, l’aménagement des espaces verts ou encore des zones industrielles et commerciales. Il intègre différentes problématiques comme celle de l’exposition des populations à la pollution ou aux bruits. L’architecte inscrit son activité dans le cadre du plan dessiné par l’urbaniste. Il conçoit des bâtiments capables d’accompagner les objectifs préalablement définis. Ses projets portent les attentes à la fois esthétiques et fonctionnelles de la ville avec désormais une forte dimension environnementale qui influence notamment le choix des matériaux de construction et encourage des conceptions économiques à l’usage sur le plan énergétique.
L’urbaniste répond le plus souvent à la demande des élus, tandis que l’architecte est régulièrement sollicité par les particuliers. Sur ce type de projet, l’architecte comme le maître d’ouvrage reste néanmoins dépendant du plan local d’urbanisme (PLU). Par exemple, la pose d’un bardage en bois ou d’un bardage métallique sur un bâtiment existant doit faire l’objet d’une demande auprès de la mairie. La déclaration préalable (DP) est ainsi obligatoire pour les travaux modifiant l’aspect extérieur des constructions situées en zone protégées.